Hall of Fame


Chesney Henry « Chet » Baker, Jr
Trompettiste, bugliste & chanteur

Carmen Miranda : "The girl in the tutti frutti hat"




L'Histoire de Carmen Miranda, "la fille au chapeau de fruit" a captivé le monde entier des années 30 aux années 50, aujourd'hui encore, elle est l'une des personnalités brésiliennes les plus connues à l'étranger. Ce succès, elle le doit à un charme indéniable, des talents certains et un style, inimitable.

Née Maria do Carmo Miranda de Cunha dans le nord du portugal en 1909, ses parents décident de migrer à Rio de Janeiro, alors qu'elle est enfant, elle y découvre très vite la samba, un genre encore considéré comme une sous-musique par l'élite brésilienne début du siècle. Employée dans un magasin de confections de chapeaux, elle a pour habitude de chanter en servant les clients jusqu'à ce qu'un d'eux l'invite à se produire au "National Institute of music" où elle se fait remarquer par l'un des musiciens qui lui fait enregistrer un titre à la radio carioca. Avec le titre "Tai", enregistré en 1930, elle devient la première femme à enregistrer un titre dans l'industrie du disque brésilien, alors encore très macho.

Elle connait un succès incroyable pour l'époque, les brésiliens l'a surnomment "A pequena notavel" ( la petite remarquable, du fait de sa petite taille : 1m53), on ne peut ignorer son succès, elle est présente partout, à la radio, au théâtre, au cinéma...

C'est en 1939 que Carmen apparaît pour la première fois sur scène portant son mythique chapeau de fruit. La même année, le producteur américain Lee Schubert l'a découvre à Rio et lui propose un contrat. Sa carrière aux Etats-Unis est fulgurante, dès ses débuts, alors qu'elle ne parle pas un mot d'anglais, la chanteuse fait sensation, son charisme séduit les médias américains qui "l'exotisent" à souhait, ils l'a rebaptisent "the brandy peach from brazil" (la liqueur de pêche venue du Brésil, en référence à l'effet qu'elle produit sur scène). Jouant de son mauvais anglais, elle est souvent dépeinte comme une bimbo aimant les hommes et l'argent, elle est d'ailleurs l'actrice la mieux payée d'Hollywood. Dans les années 40 Carmen est la reine de Broadway, tous les soirs, elle incarne avec humour le stéréotype de la brésilienne. "O que é que a baiana tem"  "Rebola bola" 

Cependant, lorsqu'elle retourne à Rio pour la première fois, elle est très mal acceuillie, accusée,  par les médias et l'élite nationale de s'être trop "américanisé", d'être trop célébre et trop riche pour une chanteuse de samba, un genre qui n'est alors pas digne de représenter le Brésil à l'étranger. "Mama eu quero" 

Malgrès cet accueil exécrable dans son propre pays, la brésilienne tourne la chose en dérision, comme elle sait si bien le faire, et en fait une chanson :"disseram que voltei americanizada" (ils disent que je suis revenue américanisée) 1940. De retour aux Etats-Unis, elle tourna plus de 14 films "dont that night in rio", "the gangs all here", "if I'm Lucky", elle est alors une véritable icône adulée et respectée à Hollywood bien que toujours victime de vives critiques.

                                                     
                                          The Lady in the tutti frutti hat, 1943 

Petit à petit, son état de santé se dégrade, son mariage, les médicaments qu'elle prend à outrance, et la fatigue physique l'a pousse a rentrer au Brésil pour un break avant de repartir une dernière fois pour assurer le show à Hollywood, jusqu' à ce qu'elle succombe d'une crise cardiaque sur scène durant  "The Jimmy durante show" . Elle avait 46 ans.

La "bombe brésilienne" comme les médias américains aimaient l'affubler, avait un vrai sens de l'auto-dérision et  prenait un malin plaisir à dire qu'elle faisait du business avec des bananes, et pour cause, ses plus fidèles alliés sont, sans aucun doute, les fruits, devenus sa marque de fabrique, qu'elle aimait arborer fiérement, on l'aura compris, sur la tête. Ce stéréotype qu'elle incarnait, elle l'adorait et le cultivait, elle compris avant tout le monde l'importance de l'image dans ce monde qui évoluait au rythme des écrans de cinéma, elle fut maitre de son image et en fit un vrai business. "The Lady in the Tutti Frutti Hat"

Carmen Miranda c'est avant tout une pionnière, pour les femmes, dans une industrie musicale brésilienne dominée par les hommes, pour la culture de la samba qu'elle avait adopté et défendu  durant toute sa carrière, pour les femmes latine dans le cinéma Hollywoodien.

Aujourd'hui encore, son style à nul autre pareil inspire les grands créateurs du monde entier et les lignes éditoriales des plus prestigieux magazines de mode. Il existe une foule de bijoux, de chapeaux, de vêtements inspirés directement de son style. C'est aussi à Carmen Miranda que les sambistes d'aujourd'hui doivent le port des chaussures à plateforme lors du défilé du carnaval, elle fut la première à porter des talons vertigineux pour danser, en raison de sa taille. La fusion entre la culture brésilienne et le faste de broadway captive n'importe quel auditoire, un mélange décomplexé qui respire la joie de vivre et la spontanéité.

Jazz West Coast, forever

L'Académie du Jazz vient de dévoiler son palmarès 2011! Stan Getz rafle la mise et décroche le Prix de la Meilleure Réédition pour "Quintets : The Clef & Norgran Studio Albums" ! 



Sans conteste, ce coffret de 3 CD relève d'un travail d'édition remarquable. Diffusé sous le mythique format 45Tours pochette cartonnée, il est accompagné d'un riche livret extrêmement fourni ainsi que d'un remarquable essai, signé par le journaliste américain Ashley Kahn, sur la relation privilégié entre Stan Getz et Norman Granz, son imprésario et fidèle ami. Sensation garantie pour un voyage au coeur des 50s !

L'histoire est enregistré à New York entre 1952 et 1956. Martin Luther King devient pasteur à l'église baptiste de l'avenue Dexter à Montgomery en Alabama tandis que Elvis Presley débute sa carrière. Miles Davis se sépare de Juliette Gréco. Marilyn Monroe et Marlo Brondo savourent leurs plus belles années. 

En ce temps là, Stan Getz n'avait pas encore découvert le Brésil et sa bossa nova pourtant il jouait (déjà) au summum de son art !  Un son West coast, simplement extraordinaire, s'échappe de l'ensemble. Accompagné par le guitariste Jimmy Raney (Stella by Starlight, Boby and Soul, Thanks for The Memory) ou par le tromboniste - arrangeur Bob Brookmeyer (Erudition, Rustic Hop, It Don't Mean A Thing) le saxophoniste développe lors de ces enregistrements toutes ses qualités. Et elles s'avèrent être très nombreuses. Stan Getz n'a plus rien à envier à ses idoles Charlie Parker et Lester Young. Quand à Sonny Rollins (potentiellement son rival à l'époque) il peut aller se rhabiller.
The Sound inscrit ses lettres de noblesses, il n'a pas trente ans !

Stan Getz (ts) + Bob Brookmeyer (tb) ou Tony Fruscella (tp), Duke Jordan, John Williams ou Jimmy Rowles (p), Jymmy Raney (g), Bill Crow, Teddy Kotick, Bob Whitlock ou Bill Anthony (b), Frank Isola, Al Levitt ou Max Roach (b). NY - LA 1952-1955

" Les gens pensent que je joue sans effort " regrettait Stan, tant la fluidité et le rythme de son jeux surprenaient. Une chose est sur, pour l'écouter aucun effort n'est requis. Pur plaisir. 



Ecouter : Deezer Discographie de Stan Getz
Découvrir : Academie du Jazz Palmarès 2011
Découvrir : Stan Getz The Sound Official Homepage

Sonny Rollins, la classe à l'américaine



Barack Obama applaudit des deux mains, tout les regards se tournent vers Sonny Rollins. La scène pourrait sembler presque anodine si elle ne se déroulait pas dans la grande salle de concert du John F. Kennedy Memorial Center for the Performaing Arts de Washington. Ce soir de décembre, le glorieux édifice, dessiné par le moderniste Edward Durell Stone, accueille le gotha américain pour rendre hommage aux artistes qui ont contribué à la richesse culturelle des Etats Unis.

Cheveux blanc soigneusement peignés en arrière, barbe finement taillée, noeud papillon et lunettes de soleil, le jazzman a la voix feutrée jubile. A ses côtés, la chanteuse de Brodway Barbara Cook, le crooner Neil Diamond, le violoncelliste Yo-Yo Ma et l'actrice aux deux Oscars Meryl Streep acquiescent respectueusement.  Au premier rang, Michèle Obama se dresse pleine d'admiration. Ravi Coltrane, le fils du saxophoniste ténor John Coltrane a fait le déplacement. Non loin, le couple Clinton salue la performance. Le vieux sage impressionnait déjà les amateurs passionnés, par sa carrière rarement égalée dans l'histoire du Jazz, autant que pour sa qualité de jeux, son don mélodique et ses talents d'improvisateurs. A plus de 81 ans, il force le respect de l'Amérique entière.



L’éloge est amplement méritée. Si Sonny Rollins a pour principal mérite d'être l'un des rares survivants de la grande époque du Jazz, il n'en est pas moins l'un de ses rois majestueux. Sonny le colosse, Rollins l'increvable. Depuis l'année 1956 et son terrible Saxophone Colossus, le saxophoniste ténor n'a jamais cessé d'explorer les champs musicaux et de porter jusqu'à l’apothéose ses qualités d'instrumentistes. Disciple de Thelonious Monk et admirateur de Charlie Parker, le gamin de la Grosse Pomme grandit non loin des temples de la musique noire new-yorkaise que sont Le Savoy et l'Apollo. Il fait aujourd'hui figure de maître incontesté et de grand prophète de l'ère post-bebop. Sonny Rollins a traversé plus d'un demi-siècle de musique, bravé toutes les modes, survécu à Stan Getz et frôlé la mort à l'âge de 71 ans, s'échappant de justesse de son appartement, voisin du World Trade Center, un certain 11 septembre 2001, avec seulement son saxophone ténor à la main. Alors oui, l'inépuisable Jazzman méritait bien une récompense de plus à entreposer aux côtés du Down Beat Jazz Hall of Fame de 1973 ou du National Endowment for the Arts de 1983, près de son Polar Music Prise de 2007. 


L'actuel Président des Etats-Unis a consacré l'ultime Pape du Jazz, saluant "l'un des plus grands improvisateurs de l'histoire du jazz". Barack Obama s'est déclaré stupéfait par le souffle de Sonny Rollins et sa capacité à produire de longs solos sans répétition et sans jamais la moindre défaillance. Définitivement, qu'il s'agisse de Bill Clinton, enflammé au saxophone ténor, ou de Barack Obama, décorant les grands maîtres de la Culture américaine, force est de constater que les Présidents américains ont, par leurs penchants attendrissant pour le Jazz, une classe certaine.   

Ornette Coleman



« Let's play the music, not the background » 

Provocateur timide, objet de toutes les polémiques et moqueries. Instrumentiste talentueux pour les uns, charlatan pour les autres. Ornette Coleman est avant tout un profond admirateur du  saxophoniste Charlie Parker dont il a voulu dynamiter le style. Compositeur de génie, son influence a ouvert grand les portes du jazz. Une musique qui désormais ne connaît plus aucunes frontières.


L'histoire débute entre le Texas et la Californie. Jeune homme, Ornette Coleman travaille comme liftier dans un luxueux hôtel de Los Angeles et étudie la musique en autodidacte. Ses premières publications discographiques, Something else ! The Music Of Ornette Coleman en 1958 & Tomorrow is the question ! en 1959, se heurtent à de vives critiques de la part de ses pairs qui tentent de justifier le "brouhaha" s'échappant de ces disques par un cruel manque de technique instrumentale. Petit florilège de ces douces amabilités : "Une bonne dactylo en ferait autant avec un saxophonesigné par le trompettiste Benny Bailey ou encore "C'est une honte d'avoir à parler d'Ornette Coleman... Un fou totalement dépourvu de génie" dixit le saxophoniste Guy Lafitte. Habilement, le fou en question réplique par la provocation et adopte un saxophone alto en plastique. Jouer jusqu'au bout.

Non content de rompre, en apparence  seulement, avec les années Be-Bop, le trublion choque les biens pensants et autres bigots du Jazz, Hugues Panassié célèbre critique et producteur en tête, avec The Shape of Jazz To Come et This is our music. Le concert Free Jazz A collective Improvisation de 1960 réuni deux quartets improvisant simultanément ! Aux manettes les frémissants : Don Cherry, Scott LaFaro, Billy Higgins, Eric Dolphy, Freddie Hubbard, Charlie Haden, Ed Blackwell. De nombreux étudiants se rendent au concert pensant que celui ci est gratuit (Free Music). On est un peu naïf a vingt ans. Derrière le principe, deux quartets jouent chacun sur un canal stéréo différent, la révolution est immense. Les musiciens entrent en totale communion. Les indications sont approximatives, parfois inexistantes. L'imagination et la sensibilité s'émancipent.


Free Jazz A Collective Improvisation sonne comme un véritable manifeste sans que son auteur puisse en mesurer l'ampleur. Le mouvement Free Jazz est lancé. Il fait l'effet d'une bombe dans l’Amérique revendicatrice des sixties ! Quelque part entre Martin Luther King et Malcom X, Ornette se voit propulsé chef de file d'une avant garde musicale prête à en découdre. Le théoricien de la musique libre ne pouvait rêver meilleure scène. L'année 1966, le New York Times couronne Ornette Coleman "Jazzman of the year". Quelques années après, il développe le concept de l'harmolodie ( toutes tentatives d'ouvrir un dictionnaire lambda seraient vaines ) en associant l'harmonique, la rythmique et la mélodie sur un même pied d'égalité. Écoutez Skies of America avec le London Symphony Orchestra.  Le saxophoniste est décidé à aller encore plus loin. 


Fort de ses pérégrinations africaines, Ornette coleman prend conscience du rôle majeur de la dimension physique dans l'expérience musicale. Il fonde le groupe Prime Time et rassemble autour de lui une paire de guitaristes, une de bassistes et une de percussionnistes. En 1984 il est récompensé en qualité de Jazz Master par le très prestigieux National Endowment for the Arts ( la plus haute récompense de la nation américaine). Toujours prolifique, le maître plonge la tête la première dans la musique funk avant d'explorer les profondeurs du blues agrémentées des nouvelles influences rap, hip-hop et électronique avec notamment Song X en 1986. Raillé par toute une profession,  longtemps boudé du public, Ornette Coleman aura tenu bon et gravi une à une les marches de la reconnaissance et du succès. En 2010, le dynamiteur paisible âgé de quatre-vingts ans, témoin  du paradoxe irrésolu de son oeuvre et de sa vie, a reçu un doctorat honorifique de l'université du Michigan des mains du président Barack Obama. Mission accomplie Ornette ?


Découvrir : Ornette Coleman le Site Officiel

Ecouter : Deezer Discographie de Ornette Coleman
Lire : Free Jazz-Black Power de Philippe Carles et Jean Louis Commoli

Hall of Fame


Stanley Gayetzsky, plus connu sous le nom de Stan Getz !
 « The Sound » - Saxophone Ténor

Un Biopic sur Monk ?

La rumeur nous est parvenue. Denzel Washington devrait interpréter Thelonious Monk au cinéma. L'acteur et réalisateur américain a affirmé qu'il souhaitait incarner le célèbre pianiste de jazz, le scénario serait même déjà écrit. 

                          Denzel Washington - Thelonious Monk
L'intérêt prononcé du petit monde cinématographique pour le pianiste n'est plus vraiment une surprise. En 1988, Clint Eastwood avait produit un documentaire de Charlotte Zwerin consacré au jazzman [ Thelonious Monk : Straight, No Chaser ]. Jamais pourtant, la vie mouvementée de l'improvisateur ne fut exposée sur grand écran par un acteur tel que Denzel Washington. Il faut l'admettre, à 57 ans, le natif de Mount Vernon est une star. Avec une cinquantaine de films à son actif, il explose régulièrement le box-office. Dans sa brillante carrière, quelques chefs-oeuvre dont Glory [1990 - Oscar & Golden Globe du meilleur acteur dans un second rôle], Training Day [2002 - Oscar du meilleur acteur et nomination au Golden Globe dans la même catégorie] ou encore, Malcom X [2000 - Nominations à l'Oscar et au Golden Globe du meilleur acteur et Ours d'argent du meilleur acteur].


Toutes ces récompenses ne seront pas de trop pour endosser le costume de celui qui débuta comme pianiste des grands Dizzy Gellepsie, Bud Powell et Charlie Parker, avant de se voir retirer sa carte d'entrée des clubs par la police pour détention illégale de drogue. Le génie, qui parfois, pendant un show, n'hésitait pas à stopper net son improvisation pour se lever et danser en tournant sur lui même jusqu'à entrer en transe, est à l'origine de somptueux albums dont Monk's Music [1957 pour Riverside] et Underground [1968 pour Colombia].

Outre une ressemblance physique évidente, ce future biopic mettrait en lumière deux personnalités engagées de la communauté afro-américaine. Bien avant que Denzel débute dans l'art dramatique, à l'American Conservatory Theater San Francisco, en jouant Malcom X [in When the chickens come home to roost], Thelonious bouleversait son époque en instituant les prémices du bebop, avant de sen éloigner pour atteindre un nirvana insondable. Une anecdote en dit long sur le talent avant gardiste de Monk. Un jour que le pianiste George Shearing - aveugle de naissance - se rendait vers l'instrument sur lequel il devait répéter avant un concert, il entendit une musique singulière - jouée par Monk - et il aurait simplement déclaré : " Oh, je reviendrai lorsque l'accordeur aura terminé. "



Thelonious Monk passa les derniers années de sa vie chez  la baronne Pannonica de Koenigswarter, bienfaitrice, mécène et réconfort des jassmen new-yorkais. Il ne parlait que très peu et n'osait plus toucher son piano. A l'issue fatale d'un pacte passé avec le diable, "Mélodius" Monk décéda d'une attaque cérébrale le 17 février 1982, après avoir offert à la postérité son plus bel ouvrage : Pannonica. Il aurait eu 80 ans cette année.

My funny Valentine


Dans Les Contemplations, Victor Hugo écrit : " La Chanson la plus charmante Est la chanson des amours ". Le poète avait-il entendu Chet Baker chanter My funny valentine ? Un murmure précède toujours la plainte. Ce qui pouvait apparaître, il y a bien longtemps, pour de la délicatesse, s'avère n'être en fait que fragilité. Toujours à la limite de la rupture...

[ " Ma drôle de Valentine douce amusante Valentine tu fais souffrir mon coeur " ] Une douce ligne mélodique perdue dans les médiums, presque immuable et pourtant... au détour de la note bleue, la ballade prend forme. [ " Tes allures prêtes à rire Impossible à photographier mais tu es mon oeuvre d'art préférée " ] Une profondeur bouleversante se dégage peu à peu pour révéler La sensualité à l'état pur. Le flacon laissé ouvert par inadvertance, une vapeur sans artifice embaume l'atmosphère. [ " Mais ne change pas d'un cheveux pour moi non, si tu fais attention à moi reste, petite Valentine, reste chaque jour est celui de la Saint-Valentin " ].


Telle se présentait la chanson la plus charmante que le Jazz ait vu naître. 



My funny valentine voit le jour en 1937, grâce aux talentueux Richard Rodgers & Lorenz Hart, pour la comédie musicale américaine Babes in Arms. En 1939 elle fait ses premiers pas au cinéma, Hollywood me voilà, avec une nomination pour sa meilleure musique. Réalisé par Busby Berkeley, le film conte l'histoire d'un groupe d'adolescents qui décident de monter un spectacle pour éviter d'aller travailler dans une ferme. Les années trente : la fin de la prohibition, la magie de broadway et les premières stars du grand écran... Réjouissant ! Seulement voilà, My funny valentine n'est pas décidée à en rester là. Elle a des rêves pleins les yeux. En moins d'un demi-siècle, elle s'impose avec délicatesse sur plus de 1300 albums, aux bras de plus de 600 artistes.


Les plus grands jazzmen ont essayé de l’amadouer, les plus téméraires ont réussi à la sublimer. En 1952, Chet Baker & Gerry Mulligan furent les premiers chanceux [ My funny valentine ] . L'année suivante, le séducteur Frank Sinatra parvint à l'enlever le temps d'un album [ Songs for Young Lovers ] et en 1962 Bill Evans et Jim Hall succombèrent à ses charmes [ Undercurrent ] . De 1956 à 1964, Miles Davis poussa le vice à la vertu en la transcendant à trois reprises [ Cookin' with the Miles Davis Quintet - Jazz at the Plaza - My Funny Valentine/The Complete Concert ] . En 1999, la belle revient à son premier amour pour accompagner au cinéma, Matt Damon, présenter alors comme le nouveau Robert de Niro, dans The Talented Mr. Ripley


Solarium Tropical


Le Solarium Tropical, c'est une capsule de soleil toujours à votre disposition. 
Départ éminent pour un voyage au coeur des musiques tropicales... LIRE LA SUITE